Enjeux de l’harmonisation de l’Analyse de Cycle de Vie bâtimentaire en Europe
L’Analyse du cycle de vie bâtimentaire est en pleine évolution en Europe, avec une volonté de dépasser la simple analyse énergétique pour intégrer les émissions de l’ensemble du cycle de vie du bâtiment. Cependant, à ce jour, il n’existe pas de méthodologie globale harmonisée. Les approches restent fragmentées, avec des méthodologies qui varient d’un pays à l’autre. Cette diversité complique la standardisation et la comparaison des impacts environnementaux à une échelle européenne.
Réglementations et labels en Europe : un cadre insuffisant pour l’ACV bâtimentaire
En Europe, il existe certains labels, directives et réglementations qui apportent une structure au calcul carbone.
Nous avons classé les différentes réglementations et labels européens selon deux axes :
- Global / Niche : qui représente la portée d’application, du niveau local et/ou du nombre de typologies de bâtiments couvert par le label (“Niche”) à un cadre plus large et international (“Global”)
- Check-box / Engagement : qui distingue les approches de conformité minimale (« Check-box ») des initiatives visant un engagement plus ambitieux avec un calcul d’impact transparent (“Engagement”)
Par exemple, la RE2020 se situe dans la zone “Niche-Engagement”, car elle s’applique uniquement en France et au neuf (Niche) tout en imposant une méthodologie ambitieuse et transparente (Engagement).
Etat des lieux (non exhaustif) des réglementations et labels en Europe
Il n’existe pas à l’échelle européenne de méthodologie réglementaire engageante sur l’ACV bâtimentaire. Il est donc difficile de mesurer et comparer les efforts sur le sujet d’un pays à l’autre. Cette absence de standardisation freine la mise en place d’actions et limite la transparence nécessaire pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux.
Les entreprises s’engagent différemment malgré l’absence de référentiel européen structurant
Malgré l’absence d’un référentiel commun, on observe que des engagements forts sur le carbone incorporé se multiplient chez les acteurs du bâtiment: VINCI Energies vise une réduction de 40 % ses émissions de CO2 en 2030 et la neutralité carbone en 2050. Nexity de son côté se met comme objectif de surperformer d’au moins 10% en moyenne les exigences de la réglementation française RE2020. Setec s’engage à proposer des solutions bas-carbone tout au long du cycle de vie des projets en utilisant des variantes constructives décarbonées. Léon Grosse a réalisé la première résidence française labellisée BBCA niveau Excellence. Saint Gobain effectue des analyses de cycle de vie sur tous leurs produits…
Ainsi, de nombreux acteurs du secteur du bâtiment reconnaissent l’urgence de réduire l’impact carbone de leurs activités, ainsi que d’accélérer la transparence et la remontée des informations extra-financières dans leur rapport annuel (https://www.nooco.com/blog/bilan-carbone-ratio-monetaires-ou-acv/).
Le label LCBI : une solution prometteuse pour une transition bas carbone à l’échelle européenne
Le label LCBI (Low Carbon Built Environment Initiative) est une initiative qui vise à promouvoir la construction bas carbone en fournissant un cadre méthodologique clair et structuré pour évaluer et réduire l’impact environnemental des projets de construction. On le voit sur la matrice, en haut à droite, le label LCBI semble se dessiner comme la solution la plus adaptée et ambitieuse. Néanmoins, ce label présente aujourd’hui des limites en se concentrant uniquement sur la construction neuve tout en ignorant la rénovation. Pourtant, inclure des critères pour la rénovation serait essentiel pour répondre aux enjeux globaux de durabilité : la rénovation est également sous-représentée dans ses méthodologies et référentiels, alors même qu’elle constitue une part significative et non négligeable du marché immobilier.