Quels sont les premiers apprentissages de la RE2020 ?
Voilà maintenant trois ans que les textes de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) ont été publiés. Applicable, pour le moment, uniquement aux maisons individuelles, logements collectifs, bureaux et enseignements primaires et secondaires, la RE2020 a bousculé le paysage de la construction en France et tous les acteurs du bâtiment se sont mis au diapason afin de respecter les nouvelles exigences réglementaires. Quel bilan dresser ?
Premières tendances
Des organismes tels que l’IFPEB et l’observatoire RE2020 compilent depuis janvier 2022, date d’entrée en vigueur de la réglementation pour les maisons individuelles et les logements collectifs, des retours d’expériences de bâtiments soumis à la RE2020.
Cette démarche permet d’établir des options sur les choix permettant d’atteindre les objectifs réglementaires en fonction des typologies de bâtiments et sert à la définition des exigences applicables à ceux qui ne sont pas encore soumis à la RE2020 et dont les travaux sont en cours.
Ainsi, au 1er août 2024, ce sont plus de 330 000 permis de construire et plus de 38 000 déclarations d’achèvement et de conformité des travaux (DAACT) qui ont été recensés sur le site de l’observatoire.
Nombre de bâtiments RE2020 enregistrés sur l’Observatoire RE2020
Les premières tendances révèlent que plusieurs projets visent l’exemplarité en matière de performance environnementale. En effet, certains bâtiments respectent déjà les exigences prévues pour 2025 et même 2028, tant pour l’indicateur Icénergie que pour l’indicateur Icconstruction. Cependant, pour ce dernier, l’utilisation de données environnementales par défaut (DED) est encore relativement élevée et reste un levier d’optimisation au moment où des données environnementales pour des produits issus de fabricants seront disponibles. En effet, les DED sont bien plus impactantes d’un point de vue environnemental que les fiches issues de fabricants.
L’ensemble des données environnementales est disponible sur la base INIES et regroupe :
- pour les éléments du gros-oeuvre et du clos-couvert, des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES)
- pour les éléments issus des lots techniques (CVC, CFO et CFA), des Product Environmental Profile (PEP).
Quels sont les leviers pour respecter les futurs seuils ?
Au 1er janvier 2025, les seuils des indicateurs Icénergie et Icconstruction seront réajustés et deviendront plus contraignants à respecter, obligeant l’ensemble de la chaîne de production de la construction à s’adapter à ces nouvelles exigences.
Le recours à des sources d’énergie toujours plus vertueuses et l’utilisation d’énergies renouvelables sont les leviers permettant d’atteindre les exigences de Icénergie et sont déjà bien intégrés dans les projets.
Concernant l’indicateur Icconstruction, le recours à l’utilisation de béton dit “bas carbone”, contenant du ciment à basse teneur en clinker, a d’abord été vu comme la solution inévitable pour atteindre les objectifs de 2025. Cependant, tous les éléments composant le bâtiment doivent être optimisés, aussi bien sur la partie structure et clos-couvert que sur la partie corps d’état technique. En effet, l’adoption massive de matériaux biosourcés aussi bien en structure (mixte de mode constructif) qu’en isolation est une solution qui continue de se développer et génère moins d’émissions de gaz à effet de serre.
Une autre piste d’optimisation se situe au niveau des lots techniques. En effet, le label E+C- a introduit des valeurs forfaitaires pour les lots techniques, s’avérant dans certains cas être pénalisantes pour les projets, qui ont été reconduites dans la RE2020. Or de plus en plus de fabricants réalisent des fiches de déclaration environnementale pour leur produits et permettent ainsi de se passer des forfaits mais également de l’utilisation de DED, ces dernières étant parfois plus de 3 fois supérieures aux données issues de fabricants. Les derniers travaux du hub des prescripteurs bas carbone révèlent qu’en tertiaire un calcul détaillé permet d’économiser du carbone sur les lots 8.1, 8.3 et 9, c’est à dire en CVC les équipements de production, les terminaux et le désenfumage; et la totalité du lot courant fort.
Pour les réseaux CVC, sans réemploi, le forfait serait encore trop sous-dimensionné pour inciter un calcul détaillé. »(source : https://www.ifpeb.fr/accelerer-la-reussite-de-la-re2020-pour-les-bureaux/)
De plus, l’intégration de produits réemployés est en effet une alternative massivement décarbonée puisqu’ils sont comptabilisés à 0 dans le calcul d’Analyse du Cycle de Vie selon la méthodologie de calcul RE2020.
Extrait du Webinaire du Hub des Prescripteurs Bas Carbone : Décomposition de l’impact carbone par macro-lots
Le secteur reste largement dépendant des données environnementales disponibles dans les bases de données telles qu’Inies. Bien que de plus en plus de produits provenant de fabricants disposent de données environnementales spécifiques, de nombreux composants ne possèdent encore que des données par défaut (DED), souvent très pénalisantes. Pour pallier ce problème, des configurateurs de données environnementales pour des produits spécifiques ont été développés ces dernières années, permettant d’obtenir des estimations d’impacts carbone basées sur quelques informations, réduisant ainsi la dépendance aux DED.
Chez Nooco, pour vous aider à optimiser vos études d’Analyse du Cycle de Vie (ACV), nous avons développé une fonctionnalité innovante : le potentiel d’optimisation. Cet outil vous permet d’identifier rapidement les leviers d’action les plus efficaces pour répondre aux exigences environnementales. En mettant enlumière les aspects de votre projet qui peuvent être améliorés, il vous aide à atteindre vos objectifs de manière plus efficace, tout en réduisant l’impact environnemental global de vos constructions. Ce potentiel d’optimisation constitue un atout précieux pour les professionnels soucieux de respecter les normes les plus strictes tout en améliorant la durabilité de leurs projets.