Quels ROI carbone sur des travaux de rénovation thermique d’un bureau ?
Alors que le marché de l’immobilier connaît de profondes mutations dans un contexte de hausse des prix des matières premières ainsi que des taux d’intérêt, la rénovation a de beaux jours devant elle et connaît une forte croissance en France et en Europe. Rénover paraît être la solution pour s’aligner avec des exigences accrues de décarboner le secteur. C’est vrai, mais pas sans l’étude du Retour sur investissement (ROI) carbone de nos travaux, pour s’assurer de leur cohérence énergétique et carbone.
Pour rappel, le ROI carbone de travaux correspond à la date à partir de laquelle les émissions de gaz à effet de serre émises par un scénario deviennent inférieures à celles d’un scénario initial.
Pour plus d’informations, retrouvez notre article sur le sujet : Article Temps Retour Carbone (TRC)
Étude du ROI carbone de travaux de rénovation thermique sur deux systèmes
Dans cet article, nous voulons mettre en lumière le ROI carbone de plusieurs plans de rénovation énergétique sur un bureau parisien.
La modélisation du bâtiment
Nous avons modélisé les caractéristiques physiques et thermiques d’un vieux bureau parisien grâce à un moteur thermodynamique développé par Deepki (https://www.deepki.com)
Quelques informations sur le bâtiment étudié :
- Bureau
- Construit dans les années 1900
- Pas de climatisation
- Chauffage à l’électricité dans un cas, au gaz dans l’autre
- Surface de 5000 m2
Sur ces deux systèmes, nous avons calculé le ROI carbone d’actions de rénovation thermique visant :
- À améliorer l’isolation
- À changer le système de chauffage dans le cas où le bureau est chauffé au gaz
Les études de cas
Bureau n°1 – Chauffé à l’électricité
Résumé des modélisations
Analyse des modélisations
→ On voit qu’il n’y a pas de ROI carbone sur les deux rénovations malgré la diminution de la consommation énergétique qu’elles engendrent :
- C’est notamment dû à l’utilisation dans la modélisation des Données Environnementales par Défaut (DED) qui correspondent à des matériaux très carbonés.
- Cela s’explique aussi par le vecteur énergétique utilisé pour chauffer le bâtiment. L’électricité a un impact carbone relativement faible, notamment en France, et la diminution de consommation engendrée par les rénovations thermiques ne suffit donc pas à amortir le carbone ajouté en installant de nouveaux matériaux dans les cas étudiés.
→ On obtient un ROI au bout de 11 ans en faisant une variante de la rénovation des murs et des fenêtres en utilisant des équipements bas carbone. On arrive à diminuer l’impact carbone de 5% par rapport à une trajectoire d’origine avec une variante bas carbone, en plus de diminuer la consommation énergétique du bâtiment de 16%.
Bureau n°2 – Chauffé au gaz
Analyse des modélisations
→ Sur un bâtiment chauffé au gaz, on obtient un ROI carbone sur tous les scénarios modélisés et cela s’explique par :
- La diminution de la consommation de gaz (particulièrement carboné) lorsque l’on isole des parties du bâtiment
- ROI carbone de 6 ans en isolant le toit et les fenêtres
- ROI carbone de 3 ans en isolant les murs et en changeant les fenêtres
- Le changement du gaz à l’électricité du poste de production de chauffage, l’électricité étant bien moins carbonée en France.
- ROI carbone de 1 an en installant une pompe à chaleur
→ L’ensemble des scénarios permet de diminuer l’impact carbone du bâtiment en plus de réduire la consommation énergétique :
- Le scénario mise en place d’une PAC entraîne une diminution de 68% de l’impact carbone au bout de 15 ans en plus de réduire la consommation énergétique du bâtiment de 38%.
En résumé
On a pu voir que les modélisations des scénarios entraînent des résultats bien différents :
- En fonction de la nature du poste de production de chauffage. On obtient un ROI carbone pour toutes nos rénovations lorsque le bâtiment est chauffé au gaz. C’est moins évident pour un bâtiment chauffé à l’électricité.
- En fonction de l’impact carbone des équipements et matériaux installés lors des rénovations. Sur le bâtiment chauffé à l’électricité, nous n’avions pas de ROI carbone en installant des matériaux carbonés. Nous avons mis en lumière l’obtention d’un ROI en utilisant les équipements les plus bas carbone du marché.
La rénovation thermique est à priori toujours une bonne solution d’un point de vue énergétique lorsque notre bâtiment est mal isolé, mais le gain carbone lui n’est pas automatique. Il faut prendre en compte les caractéristiques de base du bâtiment et l’impact carbone des équipements que l’on vient ajouter.
Pour évaluer ou questionner la pertinence des travaux de rénovation, Nooco est un outil permettant de réconcilier les approches énergétique et carbone pour favoriser des choix pragmatiques pour l’environnement.